Rallye Aïcha des Gazelles : le retour de Caroline et Frédérique
Comme nous vous l’avions annoncé dans ce billet de blog, Rivalis a sponsorisé l’équipage alsacien de Caroline Bugatti et Frédérique Risser au rallye Aïcha des Gazelles du 17 mars au 1er avril 2017.
Pouvoir terminer le Rallye était déjà un challenge en soi pour leur première participation… Elles ont largement dépassé cet objectif puisqu’elles sont arrivées 4e au classement général dans leur catégorie Quad et elles ont décroché la première place dans le classement des premières participations pour les Quad !
Sur les 6 étapes et 8 jours du Rallye, elles ont parcouru environ 1300 km, traversé des dunes gigantesques, des océans de sable, des montagnes, elles ont bravé des tempêtes de sables, résisté aux mirages et elles ont passé deux fois 2 jours en totale autonomie avec 2 nuits à la belle étoile.
Une aventure autant sportive qu’humaine, avec de magnifiques rencontres.
La semaine de leur retour, Caroline Bugatti est venue nous rendre visite au sein de nos locaux, avec son beau trophée. Par la suite, nous avons eu le ressenti de l’équipage alsacien par téléphone…
Comment ressortez-vous de cette aventure ?
Cette aventure nous a rendues plus fortes, nous revenons avec des souvenirs plein la tête suite aux nombreuses rencontres que nous avons faites. L’aspect relationnel, c’est ce qui fait du rallye une expérience humaine; le retour a été difficile car nos émotions se sont décuplées au fil des jours.
A notre retour, nous avons bien senti qu’il y avait un décalage relationnel avec les autres. Pendant le rallye, nous ne connaissions pas les autres participantes mais nous avons très vite noué une relation basée sur la solidarité. Or dans la vie quotidienne, nous retrouvons cet esprit uniquement lorsque survient un événement (positif comme négatif).
Bien que chaque équipage n’avait pas forcément les mêmes objectifs (goût de l’aventure, esprit de compétition…), participer à ce rallye a été fédérateur. C’était également le cas pour les organisateurs : ils ne privilégiaient pas leur propre intérêt. C’était leur esprit de générosité qui motivait toutes leurs actions ; nous sentions que ça venait du cœur. Par exemple, à chaque étape réussie, la joie était partagée par tout le monde.
D’ailleurs, c’était difficile pour eux de nous voir galérer, sans pouvoir nous aider.
Notre plus grande fierté : il n’y avait pas de machisme. Les hommes étaient à la disposition des femmes pour les assister dans leur parcours, ils étaient aux petits soins et tous bénévoles.
Qu’est-ce qui a été le plus dur ? Avez-vous eu des difficultés ?
La période compliquée et qui nous a causé souci a été celle durant laquelle nous sommes tombées en panne et étions bloquées durant plus de quatre heures !
>Nous avons pris un trou et tapé le côté droit du véhicule. Une biellette de direction était cassée : nous l’avons réparée nous-mêmes. Sauf que nous n’arrivions pas à avancer parce que le cardan avait aussi pris un coup et nous ne l’avions pas vu.
Nous sommes restées ensablées pendant 4 heures et avons été obligées d’appeler l’assistance mécanique, ce qui nous a valu 200 kilomètres de pénalités.
Bien que l’assistance mécanique ait pu réparer les dommages facilement en deux minutes, nous devions finir le rallye avec seulement 2 roues motrices.
Les trois derniers jours ont donc été éprouvants :
nous avons donc dû faire des choix stratégiques comme prendre des chemins plus accessibles mais plus longs en kilomètres.
Avant cette panne, le rallye se déroulait étonnement plutôt bien pour nous alors qu’on voyait d’autres équipages en galère. Nous aussi, on a fini par avoir notre lot de difficultés et c’est dans ces moments de galères que nous nous sommes vraiment senties « gazelles » !
De manière générale, nous avons dû affronter des bancs de sable dans des conditions encore plus difficiles que les autres équipages du fait que nous avions un quad, donc pas de carrosserie pour nous protéger.
Entre nous, il n’y a pas vraiment eu de crêpage de chignon. Parfois, nous n’étions pas forcément d’accord sur tout, mais nous prenions sur nous pour respecter l’autre et la laisser vivre son aventure. Dans la galère nous avions le choix entre se mettre en colère, pleurer ou rire ; nous avons choisi d’en rire !
Quel est le meilleur moment que vous avez vécu là-bas ?
Il y en a tellement ! On trouve des bons moments à chaque instant !
Même les moments difficiles par lesquels nous sommes passées étaient tellement intenses, que ce sont des bons souvenirs.
Par exemple, après la panne, nous avions perdu tellement de temps qu’il n’était plus la peine de chercher les autres balises. Nous sommes alors rentrées en convoi avec d’autres équipages tombés en panne. Nous avons pris un café en plein milieu du désert, c’était génial !
Ou encore, pour une étape marathon après notre panne, un équipage nous a proposé de rouler ensemble. Cela nous a permis de découvrir la navigation à plusieurs pendant cette étape en solo, c’était rassurant. Le soir, nous avions besoin d’essence et nous sommes arrivées au ravitaillement trois minutes avant la fermeture. L’autre équipage nous a accompagné jusqu’ au ravitaillement alors qu’elles n’en avaient pas besoin.
Les bénévoles se doutaient que nous arrivions et nous ont attendues jusqu’ à la dernière minute dans la tempête de sable, emmitouflés dans leur foulard.
Nous avons été très touchées par ce double soutien. A ce jour, nous sommes restées en contact avec nos partenaires de route et une amitié très forte s’est nouée.
Un autre moment fort, après 10 jours passés dans le désert, nous avons eu le droit à une nuit dans un hôtel : douche, toilettes, lit… le bonheur !
A notre sortie de l’hôtel, une haie d’honneur de tous les organisateurs attendait les équipages pour la cérémonie.
La remise des récompenses a aussi été l’un des moments les plus émouvants car c’était l’aboutissement de notre aventure. A la fin, tous les équipages se sont serrés dans les bras et ont fondu en larmes.
Quel mot clé pour décrire ce rallye ?
Frédérique : intensité
Que ce soit dans les bons ou les mauvais moments, nous avons vécu des choses très fortes. Nous avons mis de côté notre quotidien pour vivre une aventure humaine formidable entre femmes et nous nous sommes créés des souvenirs inoubliables.
Caroline : partage
Nous avons fait des rencontres avec des personnes qui vivent dans des univers différents, ayant des objectifs différents. Mais malgré tout, ces femmes ont pris le temps d’aider les autres. Je pense aussi aux bénévoles de l’organisation.
Allez-vous participer l’année prochaine ?
Caroline : Comme nous travaillons ensemble au circuit de l’Anneau du Rhin et cela a été compliqué de s’absenter toutes les deux pendant deux semaines. 24Si je recommence un jour ce sera donc sans Fred. Je l’ai vécu une fois, j’en suis fière et j’en garde un excellent souvenir.
Frédérique :Oui si j’ai le budget et si je trouve une navigatrice. Par ailleurs, je souhaite aussi participer à d’autres rallyes (Mongolie, Argentine, USA). Il va falloir que je trouve le temps pour m’investir car il y a un an de préparation.
Avec Caroline, nous savions dès le début que ce serait notre seule édition ensemble.
Que diriez-vous à des femmes qui hésitent à se lancer ?
Elles doivent foncer, à condition qu’elles soient très motivées car ce ne sont pas des vacances ! Il faut impérativement se dégager du temps pour se préparer avant l’événement. Deux semaines dans le désert c’est dur, mais ça vaut le coup de souffrir, c’est comme un accouchement… On oublie très vite toute la souffrance.
Toute l’équipe Rivalis est admirative et les félicite pour cette belle aventure et ce challenge qu’elles ont su relever ! Bravo !
Nous remercions Caroline Bugatti et Frédérique Risser pour leurs réponses. Propos recueillis par Julie Gissinger (Chargée de Communication Rivalis).